Monday, November 30, 2009

Heureux dans tes bras

Heureux dans tes bras
Cette nuit-là à petits pas
Ivre de joie, je me suis englouti
Comme une carcasse amortie
Je me suis endormi dans tes bras

Bercé et détendu dans mon lit
Mon corps, épanoui, était rempli
D’un bonheur infini. Magique
Cet instant-là était aussi magnifique
Et je me suis blotti dans tes bras

Mon cœur, sans souffle, battait
A un rythme effréné. J’étais
Emporté par ce moment de tendresse
Qui suivait les mouvements de tes caresses
Et je me suis attendri dans tes bras

Mon esprit, sans un mot, obéissait
A tes manèges. Comme un gamin je saisissais
Ton bras et te laissais faire. Pour une fois
J’oubliais que j’étais sur la terre. Comme une oie,
Je me suis enveloppé dans tes bras

Mais la lumière du jour me hante et me fait peur
D’un bond je me retourne et m’écœure
Mon corps tremble et s’estompe
Et jure que la nuit douce ne me trompe
Et puis je me refile dans tes bras

Le matin venu, je prie tous les anges
De préserver cet instant de mes louanges
En implorant que cela dure encore une éternité
De peur de me voir face à la réalité
Et de nouveau je me rabattais dans tes bras

Dans la peau d'un noir

Dans la peau d'un noir
Il y a toujours beaucoup d'horreur
Dans la peau d'un noir
Il n'y a pas toujours de bonheur

Dans la peau d'un noir
Il n'y a pas d'espérance
Dans la peau d'un noir
On ne voit que la souffrance

Dans la peau d'un noir
On ne voit que la dépression
Dans la peau d'un noir
Il n'y a que la répression

Dans la peau d'un noir
Il n'y a que l'oppression
Dans la peau d'un noir
Il n'y a que la persécution

Dans la peau d'un noir
Que voit-on encore ?
Dans la peau d'un noir
On ne voit plus rien encore

Mais dans la peau d'un noir
Il y a aussi la culture
Dans la peau d'un noir
Il y a aussi l'aventure

Dans la peau d'un noir
Il y a aussi de bon à voir
Dans la peau d'un noir
Il y a aussi de doux à recevoir

Petit, lève-toi

Petit, lève-toi
Ils sont venus chez toi
Ils ont pris ta terre
Ils ont écrasé ta liberté
Ils ont foulé aux pieds tes droits
Mais lève-toi

Ils sont méchants
Ils ont tué ton père
Ils l’ont porte au cimetière
Ils l’ont jeté dans un gouffre
Voila qu’ils rentrent encore
Chercher ta mère

Petit, lève-toi
Ils amènent aussi ta sœur au loin
Dans la villa sanguinaire
Puis ce sera ton tour
Crois-moi. Ils reviendront
Ne pleure pas. Mais lève-toi

Ils te chercheront partout
Avec les chars, avec les armes
Accompagnés de tes propres frères
Pour t’étrangler
Et ensuite te tuer
Mais lève-toi

Va au cimetière
Incline-toi sur la tombe de ton père
Dis-lui que Motutu est un pauvre diable
Sans âme
Ni conscience
Et puis venge ton père.

Nègre dans mon cœur

Nègre dans mon cœur
Je suis un nègre qui pleure
Nègre dans mon âme
Je suis un nègre qui s’étouffe et blâme

Je suis un nègre qui crie
Et murmure. Las, je m’écrie
Et déplore toute la misère
Qui m’apprivoise sans mystère

Je suis un nègre qui souffre
Et chante. Solitaire dans un gouffre
Je tends la main au monde
Pour me tirer de cet état immonde

Je suis tanné de vivre une aventure
Qui m’éloigne de ma culture
Et m’isole de la plénitude
De mener une vie de certitude

Nègre dans mon cœur
Je suis un nègre qui s’écœure
Nègre dans mon âme
Je suis un nègre qui s’écroule et rame

Je suis un nègre, ravagé
Par la douleur, et saccagé
Par le désespoir de mener une vie
Sans futur et qui donne moins d’envie

Je suis un nègre qui tremble
Et danse. Comme un tremble
Je cherche la voie qui ouvre le chemin
Pour aller vers le parchemin

Je suis un nègre mis au supplice
Qui demande liberté et justice
Pour tous les habitants de cette terre
D’être considérés comme des êtres à part entière

Nuit d'Afrique

Le soleil fuit paisiblement
Et emportant inlassablement
Les quelques instants magiques
D’une vie paysanne et magnifique
C’est la nuit d’Afrique

Le crépuscule jaillira doucement
Et d’un bond elle viendra fermement
Effacer les péripéties tragiques
D’une journée lourde et maléfique
C’est la nuit d’Afrique

Soudain l’obscurité sublime
S’imposera. Avec une lenteur intime
Apparaîtront les étoiles. Mystique,
La nuit amènera son vent géorgique
C’est la nuit d’Afrique

La lune, douce, se fera attendre
Et de loin on pouvait aussi entendre
Les sons des chants mélancoliques
Accompagnés de rythmes méthodiques
C’est la nuit d’Afrique

Les vieillards entonneront les chants
Pour oublier la dureté des champs
Et commémorer l’esprit mythique
Des ancêtres morts et fantasmatiques
C’est la nuit d’Afrique

Le chef viendra clôturer avec la prière de grâce
En demandant aux dieux de bénir cette place
Ce lieu de culte fantasmagorique
Qui perpétue des coutumes fantastiques
C’est la nuit d’Afrique

Comme un voleur

Comme un voleur je m’immisce
Dans ta chambre. Je m’y glisse
Sans heurt et attentif aux bruits
Je me faufile et évite des débris
Je suis un voleur d'amour

Jonché comme un hameçon
Immobile et accroupi, j’entends les sons
De ton souffle. J’avance vers ton lit
Et découvre ton univers bien rempli
Je suis un voleur d'amour

Curieux, je te touche et t’observe
Sans un mot tu restes dans ta réserve
Oubliant qu’un parfait inconnu
Gère et analyse ton espace continu
Je suis un voleur d'amour

Je pose mes lèvres sur ta bouche
Et soudain tu t’accroches à sa souche
Tendrement, je me jette dans tes bras
Et je m’enfile dans tes draps
Je suis un voleur d'amour

Je touche ta poitrine et te sens frémir
Tu bourdonnes des cris et je te vois gémir
Mais je suis là et tu ne me vois pas
Je t’amène hors de ce monde à chaque pas
Je suis un voleur d'amour

A notre retour, ce ne serait qu’un vilain songe
Tu oublieras tout et même tes mensonges
Quant à moi tout ne sera qu’une aventure
Qui fortifie mon audace et ma désinvolture
Je suis un voleur d'amour