JE SUIS UNE PROSTITUEE

Je suis une fille ordinaire, sans repentir
Que le destin cruel a bien voulu anéantir
Je n’ai pas de nom, ni d’âme ni de vouloir
J’obéis à mon maitre et à son seul pouvoir
Je suis une prostituée

Un jour tout a basculé et j’ai été enlevée
En revenant de l’école. Je me suis retrouvée
Enfermée dans un donjon, comme dans une roche compacte
Isolée,coupée de la civilisation et sans le moindre contact.
Je suis une prostituée

Mon patron me demanda mon âge
Je me rendis compte que j'étais au Moyen-âge
Où l’on arrachait des gens de leur sphère
Pour les vendre loin dans une autre atmosphère
Je suis une prostituée

J'ai douze ans et le suppliais de me laisser partir
En lui garantissant de ne pas avertir
Le monde dehors. Je ne suis qu'une enfant
Qui a besoin de ses parents souffrant
Je suis une prostituée

JE N'AI PLUS DES LARMES

J’ai crié, j’ai tonné, j’ai pleuré
Immobile et sereine j’ai imploré
Ton amour, ta tendresse et ton affection
Mais ton orgueil t’éloignait de mon attention
Aujourd’hui je n’ai plus des larmes

Je suis percée, déprimée et toute confuse
Analysant les moments de ma vie et refuse
D’y croire. Ravagée comme dans un songe
Je décortique tes aveux et aussi tes mensonges
Aujourd’hui je n’ai plus des larmes

Tu me parlais de rêve et de bonheur parfaits
Je m’y adonnais comme dans un refrain refait
Et voila que tout n’était qu’un maigre bobard
Détruisant tout et même mon esprit jobard
Aujourd’hui je n’ai plus des larmes

Mes yeux, sincères, sont tristes et mouillés
Ma face, plaisante, est toute dépouillée
De la splendeur de ses traces joviales
Et mon esprit de sa nature conviviale
Aujourd’hui je n’ai plus des larmes

Mon âme n’a pas lâché. Elle est toujours vivante
Je me relève doucement de cette union décevante
Mon cœur tendre, non plus, n’a pas arrêté de battre
Je me suis fortifiée et pleine d’envie de me débattre
Aujourd’hui je n’ai plus des larmes

Va-t-en maintenant pauvre compagnon de mes torts
Je me replie à moi-même et ne me plains pas de mon sort
Avec toi, souriante, je croyais et m’ouvrais à l’ avenir
D’ores et déjà tu n’es plus et appartiens aux souvenirs
Aujourd’hui je n’ai plus des larmes

PRISONNIER DU DESTIN

A chaque instant, une attention
A chaque attention, une abnégation
A chaque abnégation, une subversion
A chaque subversion, une correction

Mais je n’en peux plus, mon cœur s’est rendu
Mon être tremble et je me sens perdu
Je suis prisonnier de ce monde sans pitié
Qui anéantit son prochain sans inimitié

Je suis une victime de la dureté du destin
Je m’accroche à la vie et poursuis mon dessein
Je suis ravagé par la cruauté du temps
Et je file pour arriver avant le printemps

Mais à chaque mouvement hostile je réponds
Avec un sourire amical et un regard profond
Je traverse chaque jour cette enclave étroite
Obscure, écoeurant, hostile et maladroite

Et je n’en peux plus, mon corps est prisonnier
Du destin. Mon être lutte encore. Moutonnier,
Il va devoir céder un jour en jettant l’éponge
Pour laisser la place aux soucis qui me rongent

Mais à chaque fois je me tiendrais debout
Je marcherai tout droit malgré mon dégoût
Je donnerai un sens à cette vie perdue
Avec l'espoir que je ne sois pas mordu...